Miniussi, Michel (1956-1992)
Écrit à 19 ans, ce récit inaugural est en effet celui de la recherche et de la construction de soi, à la fin de l'adolescence, sous le signe paradoxal de la fuite, dans une langue qui elle-même « échappe », en même temps d'ailleurs qu'elle « vient toute seule » : « Venguèt soleta, basta d'agantar la ploma » : « elle est venue toute seule, il a suffi de prendre la plume », écrit le narrateur.
Mais une telle œuvre dans sa démarche créatrice, dans son écriture, dans l'usage qu'elle fait du provençal à la fin du siècle passé, va bien plus loin que son temps et que son auteur. Elle entre, comme prémonitoirement, en résonance avec la situation actuelle du pays d'oc et de sa langue. Et en particulier avec la situation « existentielle » des jeunes écrivains qui ont choisi de « mettre en œuvre » cette langue en plein XXI e siècle.
Jean-Pierre Tardif